KYOTO

KYOTO
KYOTO

Lieu de résidence de l’empereur et capitale du Japon onze siècles durant, Ky 拏to, ville du centre de Honsh , est l’unique grande agglomération japonaise qui a été épargnée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Elle fut, et demeure, un creuset d’urbanité tout à fait exceptionnel de l’archipel. De sa fondation, au VIIe siècle, jusqu’à l’installation du gouvernement militaire à Edo (l’actuelle T 拏ky 拏) au début du XVIIe siècle, la capitale impériale fut le centre de rayonnement politique et spirituel d’un pays resté essentiellement rural. Ky 拏to est aujourd’hui un haut lieu du tourisme, de la production artisanale et industrielle de produits traditionnels, et une grande ville universitaire. Sa population est de 1 464 000 habitants (1995).

Ky 拏to fait partie des villes inscrites au patrimoine mondial de l’U.N.E.S.C.O.

Heian-ky size=5拏, la grande capitale aristocratique de l’époque de Heian

Si le centre historique de Ky 拏to est une agglomération qui s’est développée à partir du XVIe siècle, les origines du choix du site, le tracé en damier des avenues et les nombreux hauts lieux de la ville remontent à l’ancienne capitale Heian-ky 拏, la «capitale de la Paix et de la Tranquillité», qui avait été fondée en 794 par l’empereur Kammu.

Les raisons du transfert de la capitale Heij 拏-ky 拏 (l’actuelle Nara) à Heian-ky 拏 ne sont pas claires, mais un souci de rupture avec l’influence grandissante des temples bouddhiques et l’action des clans Fujiwara et Hata, qui souhaitaient affirmer davantage leur pouvoir sur les affaires de la cour, ont vraisemblablement contribué à la décision de fonder une autre capitale et d’inaugurer une ère nouvelle sur un site aux potentialités encore intactes.

En 784, on avait choisi le site de Nagaoka et commencé l’édification d’une nouvelle capitale mais, à la suite d’événements jugés néfastes (dont l’assassinat de Fujiwara no Tanetsugu lors d’une inspection du chantier), les travaux furent abandonnés et un nouvel emplacement fut fixé à Uda, dans le district de Kadono.

Le site est une vaste plaine en forme de cuvette protégée de montagnes sur ses côtés est, nord et ouest. Le mont Hiei (au nord-est) culmine à 848 mètres et l’Atagoyama (au nord-ouest) à 924 mètres, alors que la hauteur moyenne de la plaine n’est que de 50 mètres. Celle-ci est traversée par des rivières, dont la Katsura (anciennement Kadono) et la Kamo, qui l’encadrent de part et d’autre et coulent vers le sud.

Selon la Voie de la divination, fondée sur les codes anciens de géomancie chinoise, ces caractères naturels de la plaine en faisaient un site favorable pour accueillir le palais de l’empereur. Toutefois, l’espace naturel devait être investi pour être harmonisé avec l’espace cosmogonique dont il allait devenir une représentation, et le site auspicieux du palais devait être mis «en accord avec les quatre dieux» (shijin s 拏拏 ) qui habitent chacun des Orients. Des sites géographiques réels (la rivière Kamo à l’est, les grandes voies San.ind 拏 et San.y 拏d 拏 à l’ouest, l’étang Ogura au sud et la colline Funaoka au nord) ont été associés aux figures de la cosmographie.

Comme à Heij 拏-ky 拏, la nouvelle capitale fut établie à partir du modèle chinois de Chang-an, la grande capitale de la dynastie des Tang. Selon les Règlements de l’ère Engi (Engi shiki ), le plan de Heian-ky 拏 était un rectangle d’environ 4,46 kilomètres (est-ouest) sur 5,18 kilomètres (nord-sud). Le tracé en damier était fondé sur un carroyage orthogonal d’avenues dont dépendait le système de division en districts et arrondissements (j 拏b 拏sei ). La ville était divisée en deux sections, la capitale de droite (Uky 拏) et la capitale de gauche (Saky 拏): la droite et la gauche de l’empereur qui, lui, regarde vers le sud. Chacune des sections se trouvait de part et d’autre d’une large avenue cérémonielle: Suzaku- 拏ji, ou «grande avenue de l’Oiseau rouge», large de près de 85 mètres et longue de 3,78 kilomètres, bordée de saules, remontait de la porte Rash 拏mon au sud jusqu’à la «cité interdite» (daidari ) qui se trouvait centrée sur la face nord de la ville. La porte Rash 拏mon était un majestueux édifice à étage, laqué de rouge, à huit colonnes de façade et muni d’une large toiture de tuiles à la chinoise. À proximité se dressaient de part et d’autre les pagodes des temples de l’Ouest et de l’Est, implantées symétriquement de façon à magnifier l’entrée de la cité.

Chaque section était découpée en bandes, orientées est-ouest, pour former les districts (j 拏 ), comprenant chacun quatre arrondissements (b 拏 ). Chaque arrondissement était divisé en seize quartiers (ch 拏 ) d’environ 120 mètres de côté. Quatre quartiers formaient un sous-arrondissement (h 拏 ). Quartiers, sous-arrondissements et arrondissements étaient de forme carrée. Des murs de pisé, bordés d’un fossé et d’un plat-bord, entouraient quartiers et arrondissements. Un poste de garde se trouvait à la porte (b 拏mon ) de chaque arrondissement.

De grandes avenues, larges de 29,60 ou de 23,70 mètres, séparaient les arrondissements. Les avenues orientées est-ouest étaient appelées «Première Avenue» (à partir du palais impérial), «Deuxième Avenue», etc., jusqu’à la «Neuvième Avenue» qui marquait la limite sud de la ville. À l’intérieur des arrondissements, de petites avenues d’environ 11,80 mètres de largeur séparaient les différents quartiers.

La cité interdite occupait une superficie de quatre-vingts quartiers, formant un quadrilatère de 1,4 kilomètre du nord au sud, sur 1,2 kilomètre d’est en ouest. Elle était protégée par une enceinte de pisé percée de douze portes. À l’intérieur, d’autres enceintes délimitaient les cours des différents édifices: le palais de l’Ultime suprême (Daigoku-den) d’où officiait l’empereur; les ministères; les départements et les offices; le palais (dairi ), où résidait le souverain et sa famille.

Dans les quartiers populaires, les ch 拏 étaient découpés en quatre bandes nord-sud et huit bandes est-ouest, donnant ainsi trente-deux parcelles. À chacune des parcelles correspondait un numéro de cadastre (déterminé selon l’emplacement dans le quartier, le numéro du quartier, du sous-arrondissement et de l’arrondissement). À l’époque de la fondation de la ville, les quartiers populaires étaient relativement peu nombreux, car c’est essentiellement une population de nobles de cour qui était venue de Nara pour s’assembler autour du souverain. Les aristocrates s’installaient sur de vastes propriétés dont la superficie était déterminée par leur rang: au-dessous du 6e rang, on se voyait attribuer une parcelle d’un quart de quartier, à partir du 5e rang un demi-quartier; et à partir du 3e rang, la propriété couvrait un quartier, soit un carré de près de 1,5 hectare. Les plus grandes demeures atteignaient une superficie de quatre quartiers (soit environ 240 m 憐 240 m). À l’intérieur de ces propriétés, les aristocrates vivaient dans des palais spacieux dont l’édifice principal faisait toujours face, au sud, à un jardin paysager où se trouvaient un étang, une ou plusieurs îles et divers pavillons.

Heian-ky 拏, que l’on appelait aussi miyak 拏 («le lieu de l’Auguste demeure») dans la langue de tous les jours, était donc conçue pour figurer un espace de représentation dont chaque partie symbolisait la place de l’empereur comme centre du monde.

L’époque de Heian, du nom de la capitale, va de la fondation de la ville jusqu’aux années de déclin du pouvoir de l’aristocratie civile, au XIIe siècle. Au cours de cette période, il s’est épanoui à Heian-ky 拏 une culture aristocratique fondée sur les arts et les lettres, marquée par l’élégance et le goût du raffinement poussé jusqu’au moindre détail de la vie quotidienne. Dans cette ville que l’on surnommait alors la «capitale des Fleurs» (hana no miyako ), poésie, littérature, peinture, sculpture, architecture et art des jardins se sont affranchis des modèles chinois qui les avaient inspirés pour atteindre une pleine maturité; leur rayonnement a resplendi des siècles durant sur l’histoire culturelle et artistique du pays.

Le déclin de Heian-ky size=5拏

Même si l’on tient compte de la richesse de la société aristocratique, le plan de la capitale avait été conçu de façon trop ambitieuse pour la population réelle et beaucoup de quartiers ne furent jamais construits. En outre, la capitale de droite était implantée sur un sol marécageux, et, très tôt, les habitations qui s’y trouvaient furent délaissées au profit des terres de la moitié est de la ville. Du fait de ce déplacement progressif des populations, la cité interdite n’occupa plus le centre physique de l’organisation urbaine.

Jusqu’au début de l’époque de Kamakura (1185-1333), l’évolution urbaine de la capitale est restée intimement liée au lieu du pouvoir politique. Au XIIe siècle, les empereurs retirés se sont installés dans le quartier de Shirakawa, qui se développe alors à l’est de la Kamo, et à l’époque de la splendeur des Taira de vastes palais sont bâtis à Rokuhara, au sud de Shirakawa.

Au début du XIIIe siècle, Ky 拏to demeurait une ville dominée culturellement – et même politiquement – par l’aristocratie civile et les empereurs retirés; cela, malgré le pouvoir qu’exerçait le gouvernement militaire (bakufu ) installé depuis peu à Kamakura et celui de son représentant à la capitale, le gouverneur de Ky 拏to. Mais, à la suite des troubles de l’ère J 拏ky et de l’échec de l’empereur retiré Gotoba (1180-1239) dans son effort pour restaurer la puissance impériale, le bakufu de Kamakura a établi une complète hégémonie sur les affaires du pays. C’est à cette époque que, profitant de l’incendie de 1227 qui avait réduit en cendres la cité interdite, il a décidé de ne plus faire reconstruire le palais, jadis centre spirituel de la ville. La disparition de ce centre symbolique a définitivement marqué l’entrée de la capitale dans une ère nouvelle; et c’est à cette époque que le toponyme Ky 拏to («la Capitale») a remplacé celui de Heian-ky 拏.

La chute de l’ancien régime, l’émergence d’une société marquée par un émiettement des pouvoirs et la militarisation des couches dirigeantes ont eu pour conséquence le passage d’un type urbain à un autre. Ordre géométrique, formes pures des tracés urbains, expression de la centralité du palais impérial disparurent simultanément quand le pouvoir séculier prit le pas sur le pouvoir spirituel. La perte du noyau symbolique – l’antique palais – libéra en quelque sorte chacune des parties (quartiers, rues, marchés, habitations, etc.), qui se restructura selon les nouvelles donnes de la société médiévale. Les destructions et reconstructions causées par les guerres ou les catastrophes naturelles, si fréquentes au Moyen Âge, dynamisèrent l’évolution des formes urbaines et architecturales. Du XIIIe au XVe siècle, une croissance organique de la ville s’est accomplie, favorisée par une juxtaposition d’hommes de conditions, de classes et de professions variées.

Émancipation des classes populaires

La formation du Ky 拏to médiéval s’explique par une profonde évolution des classes inférieures de la société et par l’apparition d’une population citadine qui en anime désormais la vie urbaine. À cette époque, l’accroissement des terres arables et les progrès de l’agriculture provoquèrent une constante augmentation de la demande des services fournis par les artisans. La population d’artisans s’est accrue, et, pour écouler leurs marchandises, ces hommes installèrent à Ky 拏to de nombreuses échoppes. Alignées les unes à côté des autres, ces petites boutiques finirent par border des rues entières: ainsi se structurèrent progressivement les quartiers populaires (machi ) de la ville médiévale. Dans cette nouvelle société, les habitants nouèrent entre eux des liens communautaires de plus en plus forts et organisèrent souvent leur défense, prêts à revendiquer ensemble leurs droits face au pouvoir. Ces nouveaux quartiers formèrent des ensembles indissociables où étaient intimement liés hommes, professions, productions, édifices et coutumes.

La ville moderne: Ky size=5拏to du XVIe au XIXe siècle

Si le découpage en périodes historiques tel qu’il est communément admis fait aller la période moderne du Japon de 1573 à 1868, il faut faire remonter la formation de la ville moderne à la fin du XVe siècle. Après les onze années des troubles de l’ère 牢nin (1467-1477), l’essentiel de la ville avait été réduit en cendres par les armées de l’Est et de l’Ouest qui avaient pris Ky 拏to comme champ de bataille. La paix revenue, le bakufu ne fit pas reconstruire les anciennes voies. Au milieu des terres ravagées, les habitants se regroupèrent dans les deux agglomérations subsistantes, au nord et au sud, et rebâtirent les quartiers et les rues selon leurs besoins propres. La ville ne ressemblait plus à l’ancienne capitale. La population avait diminué, avoisinant sans doute les 100 000 habitants. Dans la ville haute, le palais était situé à Tsuchimikado (emplacement actuel), à proximité des maisons de guerriers et de nobles de cour. Ces demeures, de dimensions considérablement réduites, étaient désormais implantées au milieu de quartiers d’artisans et de commerçants. La ville basse devenait quant à elle le cœur économique de la nouvelle Ky 拏to. La densité y était plus forte et les riches commerçants s’y étaient installés.

Si l’antique quartier de l’époque Heian avait été un ensemble compact, ceint d’un mur et de larges avenues, le nouveau quartier urbain (que l’on nomme désormais machi ), s’ouvrait complètement sur des ruelles étroites, centres animés de la ville moderne. Le quartier n’était plus désigné par un numéro de cadastre mais par un toponyme lié à son activité économique ou à un fait marquant de la mémoire collective. Les ruelles étaient bordées le plus souvent de boutiques, espaces semi-publics qui constituaient une zone tampon entre la rue et l’espace privé de l’intérieur des îlots où l’on pouvait trouver des équipements communs comme un puits, un bain ou un potager.

Le processus d’unification du pays réalisé à cette époque par les militaires et le renforcement du pouvoir politique à l’échelle du territoire furent accompagnés, tout au long des XVIe et XVIIe siècles, par un durcissement de l’autorité politique sur l’espace urbain de Ky 拏to. Les grands travaux entrepris sous l’égide de Toyotomi Hideyoshi et la planification urbaine poursuivie par ses successeurs furent menés à terme contre le pouvoir populaire, les institutions religieuses et les aristocrates. Ils modifièrent les liens qu’avaient tissés entre les citadins les anciens modes d’occupation spatiale.

En 1586, Toyotomi Hideyoshi programme la construction d’une vaste résidence, J raku-dai, autour de laquelle sont regroupées les demeures de ses seigneurs (daimy 拏 ). Débute alors la transformation de la ville en j 拏kamachi , ou «ville sous le château», et la mise en place d’une nouvelle typologie urbaine.

Durant les années 1590-1591, quatre étapes marquèrent l’évolution de l’urbanisme à Ky 拏to. D’abord, les anciens quartiers carrés furent systématiquement divisés par une rue centrale qui permit l’occupation de l’espace vide de l’intérieur des îlots; des échoppes y furent installées, et les façades sur rue furent ainsi multipliées; les institutions bouddhiques furent déplacées à la périphérie est de la ville, sur la rive droite de la Kamo (c’est la création du quartier de Tera-machi). En 1591, une enceinte de terre (odoi ) longue de 22,5 kilomètres fut bâtie autour de la ville; elle avait pour fonction de la protéger contre d’éventuelles attaques, de contenir les crues de la rivière Kamo, tout en affirmant davantage l’image de la «ville sous le château» de Toyotomi. L’exemption de la rente foncière pour les domaines intra-muros, sur laquelle avait été établi le pouvoir des nobles de cour, des temples et des sanctuaires, favorisa le dynamisme des quartiers populaires tout en rendant possible l’urbanisation de nouvelles terres. Enfin, le percement du canal Takase contribua au développement économique de la ville en facilitant les communications fluviales avec 牢saka.

La politique mise en place par les Tokugawa au début du XVIIe siècle s’est faite dans la continuité des actions entreprises par Hideyoshi. En 1602, Ieyasu imposa à ses daimy 拏 la construction d’un palais à Nij 拏-Horikawa (l’actuel château de Nij 拏) qui devait accueillir les cérémonies qui allaient consacrer l’entente de la cour et du bakufu . Les affaires locales furent administrées sous l’autorité d’un gouverneur (shoshidai ) de Ky 拏to, dont le rôle majeur était de soumettre la cour, les nobles de cour et les citadins à l’autorité des Tokugawa. Quant à la politique de planification urbaine, elle visa à faire de la capitale un espace organisé d’après l’ordre nouveau des statuts sociaux, et l’évolution des quartiers dut subir les effets d’une relative discrimination: les temples bouddhiques furent regroupés, les aristocrates rassemblés peu à peu autour du palais impérial, et, en 1640, un décret imposa l’édification d’un quartier réservé (y kaku ) afin de mieux contrôler l’ordre public: le quartier de Shimabara fut construit à la périphérie de la ville et les prostituées de plusieurs quartiers y furent regroupées et enfermées derrière de hauts murs. En 1715, 1 583 personnes y travaillaient, dont 549 prostituées. Il subsistera jusqu’en 1958, date de la loi prohibant la prostitution.

Bénéficiant des conséquences de la paix, l’accroissement de Ky 拏to sera rapide, à l’instar de celui d’Edo et d’ 牢saka. À la fin du XVIIe siècle, la population s’était fortement accrue. Les bases de la prospérité sont l’industrie touristique, le tissage de Nishijin et la production artisanale. Les grands marchands d’étoffes de kimono se développent, comme la maison Echigo-ya (les Mitsui); il se forme de puissantes corporations de marchands qui vont s’engager bientôt dans les prêts aux daimy 拏 .

L’actuel palais impérial (Ky 拏to gosho ), situé dans l’arrondissement de Kamigy 拏, fut construit en 1855, à peu près à l’emplacement des anciennes propriétés qu’avait occupées l’empereur depuis le XIIIe siècle. Il reprend les caractéristiques du style d’architecture (shinden-zukuri ) des anciens palais aristocratiques. Il est protégé par une enceinte de pisé sur sa face sud de laquelle est aménagée une porte à usage cérémoniel, la Kenrei-mon. Un Shishin-den (Palais de l’Étoile Polaire), un Seiry 拏-den (Palais de Pureté et de Fraîcheur), ainsi que des édifices secondaires, des cours et des jardins y ont été construits comme dans l’antique palais.

La ville contemporaine

En 1869, l’empereur Meiji quitte Ky 拏to et transfère la capitale à Edo, que l’on rebaptise alors T 拏ky 拏, la «capitale de l’Est». Si, jusqu’à cette époque, on était «monté» à Ky 拏to en venant d’Edo, désormais on y «descend». Depuis lors, Ky 拏to a définitivement perdu son rang de première ville de l’archipel.

En 1894, le mille centième anniversaire de la fondation de Heian-ky 拏 est l’occasion pour les autorités locales de lancer un grand projet de modernisation de la ville. Des grandes avenues «à l’occidentale» sont percées, et l’éclairage est installé sur la voie publique. Le percement d’un canal résout les problèmes d’approvisionnement en eau des nouveaux quartiers, crée une liaison fluviale avec le lac Biwa et permet la construction d’une centrale hydroélectrique dont vont bénéficier la ville et ses industries. Les transports en commun sont inaugurés, en 1894, avec la mise en service de lignes de tramways. À la même époque, la Diète vote l’organisation à Ky 拏to de la quatrième exposition des industries nationales. À cette occasion, un parc d’expositions (l’actuel quartier des musées) et le sanctuaire de Heian (Heian-jing ) sont édifiés sur des terres vides au sud d’Okazaki. Conçu comme une reproduction à échelle réduite de l’antique palais de l’Ultime suprême (Daigoku-den), il va abriter les mânes de l’empereur Kammu, qui y sont rapatriés en grande pompe le 15 mars 1895. On ouvre de nombreuses écoles et des hôpitaux; plusieurs établissements d’enseignement supérieur sont créés, dont la célèbre Université impériale de Ky 拏to (1887), l’actuelle université de Ky 拏to (Ky 拏to daigaku).

En 1889, la municipalité couvrait une plaine de 30 kilomètres carrés; elle englobe aujourd’hui les montagnes alentour, et sa superficie atteint 610 kilomètres carrés. Depuis la Seconde Guerre mondiale, dans l’ensemble de la plaine, jusqu’à la limite des montagnes, a été construit un habitat résidentiel, de type pavillonnaire ou collectif de petite taille. Cette urbanisation a agrandi la ville, mais la structure des anciens quartiers a, somme toute, peu évolué. Le centre historique est resté essentiellement bâti d’une architecture vernaculaire de «maisons de ville» (machiya ) en bois qui ont conservé bien des attributs de celles des anciens quartiers de l’époque d’Edo. Depuis la fin des années 1980, alors que la population est légèrement en baisse et vieillissante (on l’estime à 1 180 000 habitants en 2025 et composée à 29 p. 100 de personnes âgées de plus de soixante-cinq ans), la spéculation foncière s’est rendue responsable d’une rapide disparition de ce patrimoine. Les longues et étroites parcelles sont rachetées et regroupées afin de constituer de vastes terrains où sont bâties des constructions de grandes dimensions, à structures métalliques ou en béton. Un zonage progressif, distinguant quartiers d’habitation, rues de commerces et zones industrielles, est mis en place, ce qui transforme profondément les modes de vie ancestraux. Hommes et activités ne sont plus regroupés en un même lieu. La taille et le coût des appartements proposés contribuent au changement d’échelle des foyers. L’environnement de l’habitat se modifie: le bois, comme matériau de construction, et la forte présence de la végétation des jardins privés disparaissent rapidement. De même, les montagnes et les forêts, qui, depuis toujours, ont formé l’arrière-plan du paysage quotidien, sont de moins en moins visibles depuis le centre-ville en raison de la hauteur des nouveaux édifices. Cette modification profonde du paysage urbain n’est pas sans susciter des polémiques, et de nombreux citadins s’interrogent sur le visage qu’ils souhaiteraient donner à la Ky 拏to du XXIe siècle.

En dépit de ces récentes évolutions, Ky 拏to a conservé d’innombrables vestiges du passé, ce qu’atteste la présence de près de deux mille temples et sanctuaires, source d’un important tourisme, avec 37 millions de visiteurs par an (19,7 p. 100 des «trésors nationaux» et 14,30 p. 100 des «biens culturels importants» du pays y sont conservés). Elle est la première ville universitaire du Japon avec trente-huit institutions d’enseignement supérieur, et sa population est constituée à près de 10 p. 100 d’étudiants. L’industrie traditionnelle du textile demeure florissante. Son histoire exceptionnelle, le rayonnement de sa culture passée, l’implantation du siège de nombreuses écoles et ateliers d’arts traditionnels (peinture, musique, céramique, nô, art du thé, ikebana, etc.), la présence de l’ancien Palais impérial, où se tiennent aujourd’hui encore les «rituels des prémisses d’intronisation» (Daij 拏-sai ), de même que l’accomplissement chaque année de fêtes religieuses très anciennes, un site naturel exceptionnel, très marqué par la présence d’une épaisse végétation forestière (60 p. 100 du territoire), ont permis à cette ville de conserver une place tout à fait à part dans l’imaginaire collectif de la société japonaise.

Kyôto
v. du Japon (S. de Honshû); ch.-l. du ken du m. nom; 1 481 130 hab. Grand centre industr.
Université. Anc. palais des empereurs; nombr. temples.
Cap. impériale du Japon du VIIIe s. à 1868, princ. ville culturelle du pays, supplantée au XVIIe s. par Edo (Tôkyô).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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